À Paris et Washington
Dawn Wilcox répète souvent qu’elle a de la chance. « Beaucoup, beaucoup de chance d’être encore là. » D’un ton calme, cette Américaine de 59 ans raconte aux Jours cette nuit du mitan des années 1980, lorsqu’elle a cru qu’elle allait « se faire tuer ». À l’époque, Dawn Wilcox vit à Dallas, au Texas, avec Kenneth Hartley qu’elle fréquente depuis un an. Il a déjà été violent avec elle, deux fois. Mais il était ivre et Dawn Wilcox a mis cela sur le compte de l’alcool, alors elle lui a pardonné. « Un soir, je lisais un livre, je crois qu’il me faisait des bisous sur la jambe, et d’un coup, il m’a mordu le bras vraiment fort », se souvient-elle. Elle lui demande plusieurs fois d’arrêter, en vain, et sans qu’elle n’ait le temps de comprendre, « il se transforme en un clin d’œil », murmure-t-elle. Il la plaque sur le lit : « Si tu dis un seul mot, je te tue », la menace-t-il. Un calvaire de plusieurs heures commence. Kenneth Hartley la garde captive dans leur appartement, la frappe et l’agresse sexuellement, jusqu’à ce que la jeune femme réussisse à s’échapper.
Dawn Wilcox est une survivante : « Vous savez, j’aurais pu finir sur ma liste. » Sa liste, c’est le triste décompte des féminicides qu’elle tient depuis 2016 à travers les États-Unis, trente ans après avoir failli mourir sous les coups de Kenneth Hartley. Pour « trouver des réponses » et « comprendre », nous dit-elle, et aussi pour que toutes les femmes qui, elles, n’ont pas pu s’enfuir ne soient « pas oubliées ». Son site,