Avertissement : cet épisode décrit des violences.
Il y a des survivantes. Allyssia Davaine, elle, est une miraculée. Le 7 octobre 2020, aux alentours de 23 h 55, l’homme avec qui elle avait vécu pendant quatre ans lui a tiré deux balles dans le ventre devant leur ancien domicile, à Wattrelos, dans le Nord. Il est ensuite parti chercher un couteau avant de revenir lui trancher la gorge. Trois ans plus tard, quand Allyssia Davaine parle ou se déplace, impossible de percevoir les séquelles physiques de cette tentative de féminicide (lire l’épisode 1, « Une femme tous les trois jours »). À part, peut-être, lorsque la fatigue l’envahit, une démarche légèrement saccadée et, si on le sait, la trace d’une cicatrice étouffée par le creux de son cou.
« Par rapport au début, je pète le feu, sourit auprès des Jours cette femme brune et fluette, âgée de 25 ans aujourd’hui. Mais bon, quand je suis en crise de douleur, je fais un peu moins la maligne. » Certains soirs, il y a aussi « cette angoisse », qu’elle apaise par quelques médicaments et quelques réflexes : vérifier plusieurs fois que « les portes sont bien fermées », « qu’il n’y a personne dans la maison »… Elle préfère d’ailleurs que l’on ne mentionne pas précisément où elle habite ni où elle compte déménager. « Mais ça va mieux, répète-t-elle. D’autres ont eu moins de chance. »
Le 16 octobre dernier, Johnny V., son agresseur, a été renvoyé devant la cour d’assises du Nord pour tentative de meurtre par conjoint.