À Saint-Fons (Rhône)
Impossible de la rater, derrière le minuscule jardin d’enfants, juste après le commissariat, sous la façade moribonde du foyer de personnes âgées qui la surplombe. Sur les vastes fenêtres ont été accrochées de grandes lettres pastel qui reconstituent le nom « La Casaline ». La vitrine de l’épicerie sociale et solidaire de Saint-Fons (Rhône), une commune de l’est de la métropole lyonnaise, coincée entre des voies périphériques et l’enfilade de cheminées de la vallée de la chimie, et où plus d’un habitant sur cinq est au chômage et plus d’un sur trois est pauvre, affiche la couleur, chaleureuse. En face, en chien de faïence, se tient le Lidl du quartier. « On fait de la concurrence, c’est chouette ! », rigole Cécile Fau, directrice de l’Espace créateur de solidarités, association locale vieille de 35 ans, dont l’épicerie est l’un des piliers. En matière de nourriture vendue à très bas prix, La Casaline tient la dragée à son concurrent du hard discount. Elle y ajoute un supplément de santé et d’âme : rendre accessible une nourriture de qualité à ses clients adhérents, appelés « bénéficiaires », en situation de précarité, tout en leur rendant leur dignité. « Ici, c’est un lieu ouvert à tous les habitants avec une double tarification : des prix les plus bas possibles pour les bénéficiaires et des prix normaux pour les autres, pour des produits bios ou locaux, précise Cécile Fau. Cela nous permet de diversifier notre offre, de ne plus être un lieu stigmatisant pour les personnes en difficulté et de sortir des schémas habituels de l’aide alimentaire. »