Il n’y a pas de fatalité dans la hausse du mercure. Changer les règles du jeu économique pour contraindre les multinationales et les plus riches à faire leur part d’effort dans la lutte contre le changement climatique : c’est le credo de Cécile Duflot, directrice générale de l’ONG de lutte contre la pauvreté Oxfam France, ex-secrétaire générale d’EELV et ancienne ministre du Logement, alors que le projet de loi « climat et résilience » sera débattu par les députés à partir du 29 mars.
Oxfam fait partie des quelque 400 organisations qui appellent à manifester dimanche 28 mars, la veille de l’ouverture des débats parlementaires sur la loi « climat et résilience ». Pourquoi ?
Cette loi, c’est normalement le résultat de la Convention citoyenne pour le climat. Chacun sait que ses conclusions ont été au mieux dévoyées, au pire oubliées dans le projet de loi. Or, il y a urgence. Il faudrait prendre ces dispositions maintenant et avec une ampleur plus importante. Nous pensons qu’elles bénéficient d’un soutien très large, beaucoup plus large que ce que croient les politiques. C’est la vraie leçon de la Convention citoyenne pour le climat : quand on met des gens de divers horizons face aux données scientifiques, ils deviennent tous écolos. Ce n’est pas seulement une consolation, c’est un encouragement à l’action, ça donne du sens à cette mobilisation : soyons à la hauteur de la feuille de route demandée aux citoyens. Il y a eu une commande politique, elle a été remplie, il faut maintenant la délivrer.
Les dirigeants économiques et les dirigeants politiques sont les derniers qui résistent à prendre les mesures d’ampleur dont on a besoin. La Convention citoyenne pour le climat a montré que les citoyens étaient prêts, les syndicats ont montré que les salariés dans l’ensemble sont prêts.
Aviez-vous suivi leurs travaux ?
Au début, j’ai regardé la convention avec circonspection en me disant que c’était encore une façon de gagner du temps. J’avais raison. Mais l’élément très encourageant, c’est leurs conclusions. L’intelligence collective des citoyens est un exercice rassurant. D’autant qu’ils ont géré les deux dimensions, écologique et de justice sociale. Or, c’était l’impasse. Ces deux domaines ont été reliés avec une mise en cause du modèle économique lui-même.
L’un de vos chevaux de bataille dans cette loi est la responsabilité des multinationales dans le réchauffement climatique. Que leur reprochez-vous et qu’attendez-vous de la loi ?
On ne reproche rien aux entreprises elles-mêmes. Elles fonctionnent dans un système où il leur est demandé de maximiser la distribution de dividendes à leurs actionnaires. En revanche, elles ont une très grande responsabilité. Les banques françaises représentent