Gadu, le feu secret

Né en 1939, Marc Allanic est le doyen d’Hœdic. Ses parents, originaires de l’île, avaient dû déménager temporairement pour La Turballe (Loire-Atlantique) en 1932 en raison d’une famine, puis ils sont revenus au bercail en 1946, à ses 7 ans. Ancien employé de la marine marchande, il a accompli plusieurs fois le tour du monde avec son ami Jojo la Fusée. Il possède aussi un bateau de pêche, fièrement stationné à l’entrée du bourg depuis 32 ans. Marc Allanic a été élu maire « par accident » en 1989 – c’est son frère qui s’était présenté, mais les habitants ont voté pour lui. Avec le recul, il qualifie son mandat de « valable ». Et s’amuse encore d’avoir « licencié le curé », ce qui a le don d’énerver sa femme, Marie-Thérèse.

Né en 1952 sur la troisième marche de la maison qu’il habite encore, Joseph Le Fur est plus connu sous le nom de « Jojo la Fusée », un Hœdicais pur sang qui n’a jamais quitté son caillou plus de six mois, du temps où il officiait dans la marine marchande. Son surnom vient-il de son déambulateur rouge et noir ? Eh bien non : Jojo a adopté son titre dès l’enfance, parce qu’il courait partout. La « fusée » l’a suivi et collait parfaitement à l’époque où il chantait du Johnny dans les bars et même sur les bateaux pendant les sorties en mer. Rattrapé par une vie intense, faite de tours du monde et de soirées, Jojo a dû affronter plusieurs maladies. Mais s’est toujours relevé. « Il fallait que je me batte, dit-il. On est trop bien ici à déconner. »

Il a été commercial entre Nantes, Angers et Paris, où il a passé près de vingt ans à la tête d’un grand magasin. Jean-Luc Chiffoleau, né en 1948, pensait profiter d’une retraite bien méritée à Hœdic. Raté : « Je n’ai pas réussi à me ressourcer. Le démon m’a repris et je me suis présenté aux élections », retrace le maire sans étiquette, en fonction depuis 2014 dans cette commune où, pourtant, on est « pratiquement maire de père en fils ». L’édile continue d’enchaîner les réunions du matin au soir, entre l’île et le continent. Le récit de sa vie, finalement.

Samuel Kergal remplit trois beaux CV : chef du centre de secours, patron de la seule épicerie et unique éleveur de brebis sur l’île d’Hœdic. Son troupeau est bien évidemment en liberté, ici, point d’étable. Son engagement pour la communauté remonte à décembre 1999, quand L’Erika vient déverser sa marée noire au large de la Bretagne. « L’île était souillée, alors j’ai proposé mon aide au chef de centre de secours. »