Le grand débat se termine ce vendredi (avant l’organisation de « conférences citoyennes » censées clore le processus) et, comme on pouvait s’y attendre, l’exercice s’est révélé tout sauf équilibré. Même les « garants » – qui ne sont pas des spécialistes des consultations et dont la plupart ont été nommés par le gouvernement – s’en sont rendu compte. Cette semaine, le politologue Pascal Perrineau a ainsi dénoncé les « interventions répétées du Président » qui, associé à des « questions orientées » – on s’en était aperçu ici même (lire l’épisode 20, « Le site du grand débat, bon biaisé de l’Élysée »), ont pu donner l’impression que « le processus du grand débat » n’était pas « suffisamment neutre ». Qu’Emmanuel Macron n’ait pas joué le jeu n’est pas vraiment une surprise. Il n’a jamais été un militant de la participation citoyenne et il s’est lancé dans ce processus avant tout pour calmer les gilets jaunes. Ce qui l’est a priori plus, c’est le rôle qu’ont joué les deux plus grosses entreprises françaises de la « civic tech » : Cap Collectif, qui a mis sur pied la plateforme numérique, et Bluenove, chargée d’analyser une partie des contributions des Français (lire l’épisode 27, « Grand débat : les résultats en route vers la grande déroute »). Traditionnellement, le secteur de la « civic tech » promet d’approfondir la démocratie en la rendant plus délibérative grâce aux outils numériques, et il est très fier de sa méthodologie permettant la formation d’une « intelligence collective ». Là, en échange d’une forte visibilité et de revenus appréciables – selon nos informations, Cap Collectif devrait toucher un million d’euros du gouvernement –, ces deux acteurs ont accepté de se prêter à un exercice totalement biaisé destiné à redonner une légitimité à un pouvoir impopulaire.