Dans les rues adjacentes aux Champs-Élysées que de réguliers barrages de CRS empêchent de rejoindre, un homme vêtu d’un gilet jaune siffle Le chant des partisans. C’est joli, Le chant des partisans, et les trilles rebondissent sur les façades claquemurées depuis le rez-de-chaussée. Il siffle et siffle encore et puis d’un coup, sur le même air, l’homme entonne à pleine voix : « Macron, entends-tu arriver dans ton cul la colère ? » Bon. Tout à l’heure on avait eu droit, toujours de la part de gilets jaunes, à un autre détournement, sur l’air cette fois de la chanson de la Coupe du Monde sur Benjamin Pavard : « Enculé Macron, enculé Macron, on va tout casser chez toi. » On est samedi, on est à Paris et c’est la manifestation, « l’acte IV » tant redouté de la mobilisation des gilets jaunes. Toute la semaine, sur fond de cacophonie d’annonces, le gouvernement avait fait monter la pression, dramatisé à outrance, fait réciter des appels au calme aux députés La République en marche (LREM). La France et Paris en premier lieu allaient être livrés à des hordes sauvages, à des personnes venues « pour casser et tuer », avait même averti l’Élysée.
« La » manifestation, c’est vite dit. En même temps qu’une nouvelle forme de contestation sociale, horizontale, organisée sur Facebook, sans leader et qui a du mal à se trouver des porte-parole, les gilets jaunes ont inventé une nouvelle forme de manifestation.