Tous les enfants savent qu’une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête, ça n’existe pas. Mais saviez-vous qu’un think tank pro-climat financé par EDF, Bouygues, la SNCF et Vinci Autoroutes, ça existe bien ? Cela s’appelle The Shift Project. Créé en 2010 par Jean-Marc Jancovici, un ingénieur-conseil iconoclaste, The Shift a pour objet de réfléchir à la transition vers une économie à bas carbone
. C’est un think tank tout ce qu’il y a de plus sérieux, avec un conseil scientifique composé notamment du climatologue Hervé Le Treut, membre du Giec, et de Gaël Giraud, chef économiste à l’Agence française du développement. Il produit des analyses sur les choix énergétiques, organise avec des spécialistes des conférences sur le climat et propose aux journalistes des briefings sur les enjeux de la COP21. Mais The Shift est aussi bien utile pour les entreprises qui le financent : le think tank met sur pied des débats où des grands patrons peuvent, sans être trop bousculés, présenter la stratégie climat de leur groupe.
Questions transmises à l’avance
Démonstration le 15 octobre dernier, dans le cadre du salon World Efficiency, qui s’est déroulé porte de Versailles, à Paris. Ce jour-là, devant au moins 200 spectateurs, The Shift Project a réuni du patron tricolore qui compte pour expliquer comment décarboner l’énergie européenne
. Il y a là Patrick Pouyanné (Total), Jean-Bernard Lévy (EDF), Philippe Varin (Areva) et, pour apporter une touche européenne, Michael Lewis, un haut-dirigeant du groupe allemand EON, ainsi qu’une représentante de la Commission européenne, Anne Houtman. Les participants sont accueillis plus que chaleureusement avant le débat, avec des boissons et des petits fours dans une partie du salon VIP privatisé pour l’occasion. C’est sur invitation
, indique Coralie Vidal, la responsable événementiel du Shift, au photographe des Jours qui veut se glisser pour faire quelques clichés.
Maintenir le profit
Le débat, animé par Jean-Marc Jancovici, est à l’avenant de ce cocktail privé. Le président du Shift ne laisse pas la parole à la salle, rit beaucoup aux remarques des patrons et pose des questions (dont la plupart ont été transmises à l’avance aux intéressés) qui sont très, mais alors très gentilles. À Patrick Pouyanné :