Le 15 août 2021, une foule de barbus armés de kalachnikov et embarqués sur des pick-up a investi les rues de Kaboul, désertées par l’armée régulière afghane. Entraînée pendant deux décennies par les Occidentaux, cette dernière s’est pourtant désintégrée en quelques jours sans combattre, à la grande stupeur de ses sponsors américains et du président Biden, désormais sur la sellette dans son pays. Le président afghan Ashraf Ghani a fui à l’étranger, les ambassades occidentales organisaient les jours suivants, dans la confusion, l’évacuation de leurs ressortissants, promettant d’emmener avec eux les Afghans qui ont travaillé pour elles. Pour la population de Kaboul, c’est un moment de terreur, comme l’ont montré les images d’habitants paniqués s’accrochant à la carlingue des avions en partance, au péril de leurs vies. Pour les talibans, qui tiennent désormais tout le pays conquis de la même manière, sans presque tirer un coup de feu, c’est l’aboutissement d’une patience longue de vingt ans. C’est aussi une revanche sur la débâcle de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001, qui a également été un chapitre important de l’histoire française du jihadisme. Peut-il être rouvert à l’identique ? La question torture déjà les chancelleries occidentales, notamment à Paris. Les mauvais souvenirs remontent à la surface.
La première période taliban était, au plan mondial, une époque où internet balbutiait, où les smartphones n’existaient pas encore.