Souvent, face aux difficultés de la construction européenne, les proclamations d’europhiles enthousiastes ressemblent aux ordonnances des médecins de Molière. On a beau leur parler du Brexit ou des énièmes épisodes de la crise financière grecque, ils ont une réponse toute faite : « Il faut plus d’Europe. » Comme si renforcer un système qui ne fonctionnait pas allait magiquement tout résoudre. Il est vrai qu’en face, les eurosceptiques ne sont pas plus subtils. « Contrairement à ses promesses, l’euro n’a pas généré la prospérité pour tous, alors revenons au franc, et le chômage diminuera », dit en substance Marine Le Pen. En effet, du temps de la monnaie nationale – avant 2002, donc –, la France connaissait le plein emploi… Heureusement, dans cette campagne assez désespérante, on est tombés sur une idée intéressante et travaillée. Thomas Piketty, soutien de Benoît Hamon, veut créer une Assemblée de la zone euro. Autrement dit, mettre – enfin – un peu de démocratie dans la gestion de la monnaie unique.
L’économiste devenu mondialement célèbre grâce à son étude sur les inégalités est un soutien récent du candidat socialiste (il est entré dans son équipe début février, après sa victoire à la primaire de la gauche). Mais depuis, il se démène pour que cette campagne ne sombre pas. Il multiplie les apparitions