C’est une prédiction un peu hasardeuse, qu’avait faite Manuel Valls, en novembre 2015. Comme des étudiants de Science-Po l’interrogeaient sur le droit de vote des étrangers non européens aux élections locales, le Premier ministre avait répondu qu’il était convaincu que cette mesure ne serait « pas reproposée à la prochaine présidentielle ». Enterrée, l’encombrante promesse formulée par la gauche à chaque élection ? Oublié, ce droit que tous les présidents depuis 1981, tous, même ceux de droite, ont un jour soutenu pour ensuite se renier, ou s’avouer impuissants ? Pour cette fois, Manuel Valls a perdu. La promesse sera au moins portée par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui s’y sont déclarés favorables. Pour ce qui est du Parti socialiste, on en saura plus dimanche. Manuel Valls est officiellement contre, il préfère depuis longtemps la voie de la naturalisation, et ose à présent l’assumer. Benoît Hamon, de son côté, est pour. Il promet de soumettre la question au référendum après les législatives. Mais en réalité, la question a disparu. Lors du débat de mercredi entre les deux candidats à la primaire de gauche, personne ne l’a abordée. Hamon et Valls avaient cependant eu l’occasion de s’affronter sur le sujet, symbole de ce que peut être le reniement en politique, il y a près d’un an. C’était à l’Assemblée nationale, où Hamon avait déposé un amendement pour introduire le droit de vote dans le projet de loi « de protection de la Nation », qui voulait constitutionnaliser l’état d’urgence et la déchéance de nationalité.