Il souffle un vent de révolte sur la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Selon nos informations, le 11 septembre 2023, au moins trois demandes de récusation dans autant de dossiers de demandes d’asile ont été déposées contre Jean-Marie Argoud, président de chambre vacataire à la CNDA, par trois avocats. Dans leur viseur : des propos antisémites, islamophobes ou homophobes qui auraient été tenus ou relayés publiquement par le magistrat sur les réseaux sociaux. Le 3 octobre, une audience de récusation s’est tenue à la CNDA.
Selon les conclusions rendues à cette occasion par l’association Elena, qui regroupe des avocats spécialisés en droit d’asile, les prises de position de Jean-Marie Argoud sur son compte Facebook, public jusqu’à la fin août, présentent une « méconnaissance du devoir de réserve de nature à créer un doute légitime quant à [son] impartialité ». À l’appui de plusieurs captures d’écran que Les Jours se sont procurées, l’association estime que celles-ci seraient de nature à « créer un doute légitime quant à son impartialité vis-à-vis des demandeurs d’asile de confession musulmane », « des personnes étrangères que sont, par essence, les demandeurs d’asile », ou encore des « demandeurs d’asile LGBT ». Le délibéré doit être rendu le 24 octobre.
Mais dès le 10 octobre, sept nouvelles demandes de récusation ont été déposées pour les mêmes motifs par trois autres avocats, très remontés de voir Jean-Marie Argoud siéger malgré les soupçons pesant sur lui. Ce mercredi 18 octobre, au moins deux demandes supplémentaires ont été déposées pour les mêmes raisons lors d’une audience qu’il présidait. Pas moins de douze demandes de récusation visent désormais ce juge, déposées par une dizaine d’avocats. Du jamais vu à la CNDA.
En parallèle, nous avons découvert d’autres prises de position de celui qui, magistrat depuis 2008, exerce également au tribunal administratif de Marseille où il est rapporteur public, en plus de la CNDA où il siège depuis 2021. Les Jours révèlent ainsi la face pas si cachée de ce juge du droit d’asile qui semble barboter dans un marigot d’extrême droite, au milieu de catholiques intégristes, de royalistes contre-révolutionnaires et de nostalgiques de l’Algérie française.
Commençons par son compte Facebook : parmi les mentions « j’aime » accordées à une dizaine de pages par Jean-Marie Argoud, et toujours publiques à ce jour, les avocats de l’association Elena relèvent les très complotistes Avenir de la culture, Dextra Nicolas et Nouvelles de France.