Puisqu’il n’est plus possible de faire son métier de journaliste face à un président de la République qui ne se laisse jamais approcher, puisque chaque accès à l’Élysée est soigneusement verrouillé et consciencieusement recouvert d’une épaisse tranche d’éléments de langage impossibles à avaler, puisque tenter l’un sans se voir servir l’autre est tout de même extrêmement fatigant et, ainsi que nous l’avons vu dans les épisodes précédents, particulièrement improductif, alors nous avons décidé de sous-traiter l’épisode de rentrée d’In bed with Macron. Non pas à un confrère (trop cher), non pas à un stagiaire (trop con), mais à l’intelligence artificielle.
On sent soudain un courant d’air polaire traverser nombre de rédactions pour faire se dresser les petits poils sur la nuque de journalistes politiques à l’idée d’être ainsi remisés dans les poubelles de l’histoire avec la cassette, la cabine téléphonique et René la taupe. Mais n’est-ce pas là le but ultime d’Emmanuel Macron, qui a tout fait pour se passer des journalistes tout le long de son premier quinquennat et du second en cours : refus des interviews, refus du off, systématisation du pool où seule une poignée de journalistes peut suivre un déplacement du Président et en rend compte au reste de la troupe cantonnée devant BFMTV… Un verrouillage à tous les étages afin de ne servir qu’une vision de l’histoire, celle que tente de se tresser Emmanuel Macron.