«On s’est endormis, on n’en veut plus de ça, on n’en veut plus de ces paroles, c’est du somnifère. Là on est endormis, m’sieur Macron, on n’est pas du tout entendus. » C’était, mardi sur BFMTV, des réactions de « gilets jaunes » au discours que venait de prononcer Emmanuel Macron, mais c’étaient les mêmes partout. Aux 20 heures de TF1 et France 2, d’identiques scènes de gilets jaunes rassemblés autour de téléphones portables pour suivre en direct l’allocution présidentielle et, d’une chaîne à l’autre, cette similitude spectaculaire dans les reportages : secouant la tête pour dire « non », des manifestants abandonnent le discours en cours et s’éloignent pour ne plus le voir, pour ne plus l’écouter, pour ne même plus l’entendre. C’est bien simple, Emmanuel Macron aurait-il annoncé la gratuité de l’essence et l’instauration d’une nouvelle pompe distribuant dans chaque station-service du champagne à l’œil qu’il aurait été tout autant inaudible.
Pourtant, qu’est-ce qu’il cause. Lui qui est resté longtemps coi, avare de sa jupitérienne parole, snobant les journalistes (lire l’épisode 8, « Il ne lui manque que la parole »), ne cesse de jacter. Et blabla mon itinérance mémorielle, et blabla mon maréchal Pétain et blabla le 11 Novembre et blabla Trump et blabla « Vielleicht würden uns am Abend Siegesmärsche umstreichen » (oui, il bavarde même en allemand, maintenant).