Si un oncle décédé trente ans plus tôt ressuscitait soudainement et débarquait sans prévenir pour Noël, il serait étonnant que personne ne lui pose de questions avant de lui servir de la dinde. C’est pourtant, en substance, ce qu’il s’est passé à l’ONU en 2005. Cette année-là, une organisation, la « Commission to Study the Organization of Peace » (CSOP), a littéralement ressuscité dans l’annuaire de l’institution. Elle est venue grossir les rangs, avec une dizaine d’autres ONG, de l’immense réseau de désinformation qui sert les intérêts de New Delhi, cette gigantesque machinerie dévoilée dans le rapport d’EU DisinfoLab sur Les Jours (lire l’épisode 1, « Delhi, nid d’espions »).
Une apparition miraculeuse qui devrait susciter quelques interrogations de la part de l’ONU, car la CSOP n’est pas une organisation comme une autre. Elle est créée pendant la Seconde Guerre mondiale pour assurer la transition entre la Société des Nations (SDN) et l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle est d’ailleurs présente en 1946 lors de la signature de la charte de San Francisco, qui consacrera la naissance des Nations unies. L’un des membres fondateurs de la CSOP, Louis Sohn, est aujourd’hui considéré par l’université d’Harvard comme un des « pères fondateurs du droit international humanitaire et du droit de l’environnement ». Une fois l’ONU créée, la CSOP, qui n’a plus de raison d’exister, cesse toute activité dans les années 1970.
L’histoire de la CSOP aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur le réseau Srivastava, derrière la vaste opération d’influence révélée dans cette obsession, qui la ressuscite au début des années 2000.