«Vous devriez lire Le traître et le néant, nous exhorte un homme élégant avec qui l’on pratique la verte critique du gouvernement, l’un de nos sports favoris, entre “Zamis” d’Éric Zemmour. Vous découvrirez comment Macron a tout verrouillé, c’est vraiment un pourri. » L’un de mes acolytes du jour sort son portable pour noter le titre et demande le nom de l’auteur, sur quoi l’encostumé lui indique qu’il s’agit de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Pris d’une pressante envie d’étaler mon savoir journalistique
En Zemmourie, le rapport aux médias s’analyse selon deux grilles de lecture. Il y a celle du parti, Reconquête, et de son chef, qui se servent des médias traditionnels pour diffuser leurs idées, profitent à fond du bloc réactionnaire qui va de CNews à Europe 1 en passant par C8, et s’appuient sur des canaux de « réinformation » tout acquis à leur cause. Et puis, il y a celle de la base, manichéenne, où s’affrontent pro et anti.
Commençons par cette dernière. Elle est plutôt simple : aux yeux des militants, le paysage médiatique « mainstream » est scindé en deux camps. D’un côté, celui de la vérité, des « sérieux », c’est-à-dire de ceux qui soutiennent Éric Zemmour. La liste est vite faite : CNews et Valeurs actuelles. Soit, dans leur esprit, deux émanations quasi directes de Radio Londres. De fait, ce 22 mars, le magazine d’extrême droite a organisé un événement plus proche du meeting pro-Zemmour que du débat annoncé. Et pour rappel, en 2021, l’hebdo a consacré près d’un quart de ses unes et bandeaux de unes au polémiste pas encore candidat. À la même époque, il bénéficiait quatre jours par semaine d’une heure d’antenne sur CNews, un rond de serviette qui a largement contribué à le starifier. Certains citent également Europe 1, mais sans conviction ; d’autres, Le Figaro, même s’ils trouvent le quotidien conservateur trop peu partisan. Et puis leur meilleur journaliste n’y est plus, il a donc perdu de son intérêt.