C’est une mécanique silencieuse qui est à l’œuvre depuis l’automne dernier. Qui a remarqué ce qui se jouait en filigrane de la loi sur les influenceurs adoptée à l’unanimité le jeudi 30 mars (lire l’épisode 2, « Allô ? T’es influenceur et t’as pas de loi ? »), sous les dorures de l’Assemblée ? Qui a relevé que tous, depuis le début, pointaient du doigt les influenceurs de la téléréalité… sans jamais leur accorder une place autour de la table ? Qu’une mécanique d’exclusion s’était mise en place ? Allez, lâchons le mot : une mécanique classiste.
Rembobinons. Automne 2022. Sous l’impulsion du député Renaissance Stéphane Vojetta, le ministère des Finances se penche sur le cas des influenceurs. Les arnaques deviennent trop nombreuses, trop visibles, des stars comme Booba s’en emparent et donnent le sentiment que les pouvoirs publics s’en moquent. À la première table ronde à Bercy, le 9 décembre dernier (lire l’épisode 1, « Influenceurs : le plus jeune métier du monde »), sont conviés les agences d’influenceurs, des représentants de plateformes et des associations de professionnels et de consommateurs pour discuter de la protection des victimes des mauvaises pratiques de certains influenceurs.
Dans la foulée, un travail transpartisan s’engage entre le député socialiste Arthur Delaporte et Stéphane Vojetta, qui débouche sur la proposition de loi d’encadrement des influenceurs. D’autres auditions, officielles ou officieuses, sont organisées à l’Assemblée et à Bercy.