Sur les murs de Marseille, « L’avenir en commun », slogan de la France insoumise – et aussi nom de son programme –, a disparu depuis des semaines derrière le visage de Jean-Luc Mélenchon, candidat dans la 4e circonscription. Un symbole de cette campagne particulière à Marseille, où les électeurs retrouvent celui pour qui ils ont beaucoup voté à la présidentielle, pendant qu’une partie des militants insoumis cherchent à sauvegarder la dimension collective, horizontale, qui les avait portés jusqu’aux législatives. La plupart sont de bonne composition. Ils s’adaptent, se montrent pragmatiques, se disent que l’essentiel, pour l’instant, est de gagner l’élection et que c’est tout de même plus simple sur le nom de celui qui incarne leur mouvement. Reste pour eux à trouver la bonne mesure. Et l’alchimie possible entre des militants venus d’horizons différents.
« Je n’étais ni fan ni dans le rejet de Mélenchon », résume Violaine Chevrier, professeure d’économie qui insistait dans un précédent épisode (lire l’épisode 1, « Mélenchon met le dawa dans l’engrenage marseillais ») sur la nécessité de conserver un fonctionnement horizontal. « Ce qui m’importe, c’est que l’on puisse faire campagne avec lui sans que cela tue l’intelligence collective de la France insoumise. » Gérald Souchet, qui comptait se présenter dans la circonscription, s’est retrouvé évincé sans un coup de fil, fait bonne figure mais digère plus mal. Dit pour sa part que « les gens ne font pas campagne pour Jean-Luc ». Que ce ne sont « pas des militants-soldats comme on en voit dans d’autres partis ». Qu’ils retrouvent « le goût de la politique, aiment ce qu’ils font », ne sont « pas dans l’adoration d’un leader ».

Kevin Vacher est arrivé un peu plus tard que les deux précédents chez les Insoumis. Juste après le premier tour de la présidentielle. Il vient de l’extrême gauche, a commencé dans des collectifs antilibéraux avant de participer à Marseille à la création du NPA. « J’ai toujours eu du mal avec la personnalisation en politique, dit-il. Du coup, quand j’ai appris que Mélenchon se présentait là, j’étais un peu crispé. Je ne me voyais pas tracter pour lui. J’avais peur aussi qu’il ait beaucoup d’ego, du mal à lâcher du lest. » Puis, comme il prépare une thèse en sociologie, il s’est dit qu’il allait rester dans le mouvement, pour « faire de l’observation ». Ensuite il s’est « pris au jeu », s’investit. Même si ses amis des milieux libertaires le chambrent parce qu’il