De Marseille
Jean-Luc Mélenchon ne s’est donc pas écrasé à l’atterrissage. Autoparachuté dans la 4e circonscription de Marseille, où il avait réalisé l’un de ses meilleurs scores au premier tour de la présidentielle voilà sept petites semaines (39,09 %), le leader de La France insoumise arrive en tête au premier tour de la législative (34,31 %). Pour le second tour, il bataillera en duel contrela candidate En marche, Corinne Versini (22,66 %). Ballottage assez favorable. Il a réussi à éliminer, à « remplacer » comme il dit, le député socialiste sortant, Patrick Mennucci (12,43 %), qui a annoncé lui-même qu’il était incapable de se maintenir au second tour.
En présentant cette obsession, je qualifiais Mennucci de « principal adversaire » de Mélenchon (lire l’épisode 1, « Mélenchon met le dawa dans l’engrenage marseillais »). C’était très imprudent. Mennucci est emporté, balayé, comme la plupart des socialistes. Au soir du second tour en 2012, le PS remportait quatre circonscriptions marseillaises sur sept. Cinq ans plus tard il n’en conserverait aucune.
Le pessimisme se sentait déjà nettement ce matin dans l’entourage de Patrick Mennucci. À l’ouverture des bureaux, le député sortant arpente le terrain. Il fait à scooter le tour de tous les bureaux de vote tandis qu’une voiture décorée avec ses affiches sillonne la circonscription – ce qui est illégal, comme sont dans l’illégalité les partisans de Solange Biaggi (Les Républicains), qui continuent inlassablement de recouvrir les visages de ses adversaires devant les bureaux de vote. Dans la permanence de Mennucci, une dizaine de personnes un peu désorganisées téléphonent aux militants chargés de vérifier que tout se passe bien dans les bureaux. Officiellement, pas de « phoning » pour rameuter les électeurs ayant laissé des numéros : « C’est interdit. »

Des électeurs appellent la permanence pour signaler des irrégularités. À trois endroits, il manque les bulletins de Mennucci. Volés dans deux bureaux, et cachés, semble-t-il, derrière les bacs dans un troisième. À Marseille, les jours d’élection, tout est possible. Des bureaux de vote défavorables murés, comme aux dernières législatives, en 2012, des homonymes d’adversaires présentés pour tromper l’électeur. Et mille petites manipulations. Il faut tout surveiller et les équipes de La France insoumise ont du coup envoyé dans les bureaux un grand nombre de militants, mais beaucoup sont novices (lire