Il y a un vaste monde entre Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise se présentant dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, et son adversaire de second tour, Corinne Versini, référente départementale de La République en marche (LRM). Seul point commun identifié : tous les deux se présentent dans une ville où ils n’habitent pas, ce qui n’a pas troublé l’électeur : Mélenchon est arrivé en tête (34,21 %), Versini deuxième (22,66 %), loin devant le député socialiste sortant Patrick Mennucci, laissé à 13,43 % (lire l’épisode 6, « À Marseille, Mélenchon dégage Mennucci »).
Jusqu’au soir du premier tour, Mélenchon a relativement ignoré son adversaire LRM. S’il la croisait pour un débat, il se montrait courtois – d’ailleurs de façon générale, Jean-Luc Mélenchon s’est fait plutôt urbain depuis qu’il se trouve à Marseille. Il y abandonne ses façons de caïd de Massy-Palaiseau, comme si quelque chose ici le calmait. Il se montre très civil, mais pense son adversaire plus dangereuse qu’elle n’y paraît.
Corinne Versini débarque complètement en politique, comme une bonne partie des candidats de son camp. Elle ne découvre en revanche pas le pouvoir. Débarquée de Corse à l’adolescence, elle a fait son lycée et Centrale chimie à Marseille, HEC management en formation continue à Paris, avant de travailler pour des grosses boîtes d’électronique, puis de monter à l’automne 2010 sa start-up, Genes’Ink, qui fabrique des encres conductrices pour les matériaux nanotechnologiques. Elle était très investie dans les instances patronales du département. Connaît de nombreux décideurs, ainsi qu’Emmanuel Macron, croisé plusieurs fois, « simple et décontracté », expliquait-elle récemment à des étudiants en journalisme marseillais.

En avril 2016, Corinne Versini a envoyé un mail à En marche, pour dire que, si on avait besoin d’elle dans le coin, elle était disponible. On lui a répondu qu’elle serait référente départementale. Simple comme une lettre à la poste. L’intérêt des partis nouveaux-nés c’est qu’on y progresse plus vite. Corinne Versini dit qu’outre la personnalité de Macron elle était attirée par une formation qui ressemble « à une start-up ». Un mouvement pas de gauche, « mais de droite et de gauche », selon le poncif macroniste. Devant des étudiants, le 5 avril 2017, elle expliquait par ailleurs que Michel Rocard était entré en politique quand il avait réalisé qu’Hitler avait été élu au suffrage universel.