Ne l’appelez plus le parachuté. Jean-Luc Mélenchon est député de Marseille. Il est à peu près 21 heures, ce dimanche, lorsque des militants Insoumis de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône entonnent : « Résistance ! Résistance ! Résistance ! » Leur leader vient de réussir son pari. Élu avec 59,85 % des suffrages, il va rejoindre l’Assemblée nationale, où il présidera un groupe parlementaire. À Marseille, il bat la candidate de La République en marche Corinne Versini (40,15 %). L’abstention atteint 64,22 % dans la circonscription, et 63,31 % dans la ville, qui ne compte plus aucun député socialiste (il y en avait quatre en 2012), deux seulement pour Les Républicains (qui avaient trois sortants), quatre pour La République en marche. Et aucun député du Front national, alors que le maire FN des quartiers nord Stéphane Ravier pensait l’emporter.
Pour tout dire, j’avais prévu de raconter ce second tour depuis la Plaine, quartier frondeur et autogestionnaire, en lutte contre un projet de réaménagement (lire l’épisode 7, « À Marseille, la Plaine tempête »). Le site, avant les législatives, paraissait idéal pour parler de politique. Mais la Plaine est visiblement trop insoumise pour parler politique électorale. Trop autogestionnaire pour entrer dans un cadre politique, même celui de La France insoumise. Son très beau festival, L’Or de la Plaine, organisé par les habitants, s’achève ce dimanche, avec un repas collectif sur la place, des chanteurs qui se succèdent, de la liesse et de l’engagement. « Mais en dix jours de festival, constate Don, la soixantaine, je n’ai jamais entendu parler des législatives. » On va aller voir plus loin.

Dans un bureau électoral très proche, Violaine Chevrier, professeure d’économie croisée quelques fois dans cette série, est assesseure. Elle a beaucoup aimé l’entre-deux-tours, la « dynamique », la « solidarité », qu’elle a senties lorsque les militants Insoumis des autres circonscriptions marseillaises ont débarqué pour leur prêter main forte. Après le premier tour, beaucoup de ceux dont les candidats étaient éliminés voulaient continuer de participer. Or, il ne restait que deux candidats Insoumis à Marseille, dans la 4e et la 5e, toutes deux dans l’hypercentre. « Comme nous fonctionnons de façon autonome, par groupes d’appui, la présidentielle ne nous avait pas permis de nous connaître, dit Violaine Chevrier. Ces législatives ont été vraiment chouettes de ce point de vue. » La famille Insoumise marseillaise fait connaissance.