De Belfast
C’est un samedi hivernal. Les radios diffusent déjà les chants de Noël et le froid humide sortant de terre ferait presque regretter l’épaisse couche de nuages qui assure en général des températures plus clémentes. Mais cet après-midi du 20 novembre, pour la première fois depuis bientôt un an, la frontière qui sépare symboliquement la République d’Irlande et l’Irlande du Nord est à nouveau le lieu d’une manifestation inquiète. Rassemblés sur cinq points de passage le long des 500 kilomètres au tracé incertain, des manifestants de tous âges brandissent leurs pancartes : « Fiche-nous la paix Boris ! », « Pas de frontière dure ! » À Killeen, petit bourg nord-irlandais, ils ont même ressuscité un poste de douane. Des hommes ont revêtu des uniformes et paradent à côté d’un panneau où est écrit « Tous les véhicules, y compris les cyclistes, doivent s’arrêter ». L’époque des fouilles et des contrôles n’est pas si loin, et les gens du coin sont terrifiés à l’idée de la voir ressurgir en cas d’échec de l’accord sur le Brexit (lire l’épisode 1, « En Irlande du Nord, le Brexit sème les “Troubles” »).
Ceux qui bravent le froid pour répondre à l’appel de l’association Border Communities Against Brexit ont un souhait commun : rappeler que le Brexit a buté pendant quatre ans sur cette maudite frontière terrestre, la seule entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE).