Quand on la rencontre pour la première fois, on le sent, on le sait : Zélie est dans la politique. La posture, le ton, le choix des mots… Tout est là. De fait, elle était l’une des architectes de la campagne d’Éric Piolle lors de la primaire écologiste. Séduite en particulier par sa proposition d’« ISF climatique », elle a rejoint le maire de Grenoble en juillet dernier et participé à la mobilisation d’une centaine de comités locaux à travers la France. Hélas, le 19 septembre dernier, son cheval est dépassé au premier tour par Sandrine Rousseau et Yannick Jadot, lequel remporte la primaire une semaine plus tard. « La primaire, c’est un jeu : il y a des perdants et des gagnants », concède Zélie. « Si ça s’est arrêté au premier tour pour Éric, Les Verts restent une “famille politique”, c’est-à-dire un parti avec une ambition commune. Ainsi, bien que je ne sois pas d’accord avec tout ce que dit Jadot, une chose nous rassemble : la volonté de voir triompher l’écologie et la justice sociale. »
Et c’est bien là la raison d’être d’un parti : le collectif. Une agglomération d’identités propres unies par un projet : la conquête du pouvoir par la promotion d’une idéologie. Mais pour Zélie, la force d’une formation politique telle qu’Europe Écologie - Les Verts (EELV) réside avant tout dans la proximité avec les citoyens. « Un parti permet d’être ancré sur le terrain grâce aux élus locaux et au travail de milliers de militants, souvent exercé depuis plusieurs années. » Au vu de la fatigue civique ambiante et du succès de l’abstention (lire l’épisode 1, « Jeunes : abstention à la marche ») et des formes d’engagement alternatives (lire l’épisode 2, « Jeunes, enragez-vous ! ») dans sa génération, cet éloge du vieux parti politique par une vingtenaire peut surprendre. Et pourtant, ils sont quelques-uns pour qui les partis sont encore d’actualité et ils représentent une minorité bruyante. « Il est nécessaire de passer par eux pour les changer de l’intérieur, assure ainsi Zélie. Si des jeunes comme nous s’y engagent, se les approprient et font bouger les lignes, les partis politiques peuvent faire partie de l’avenir. » Cela dit, elle admet qu’il est difficile d’y faire sa place en tant que jeune femme. À 20 ans, Zélie se présente comme une alternative radicale aux figures politiques traditionnelles (comprendre une majorité d’hommes ayant dépassé la moitié de siècle). « Je suis tout aussi légitime qu’eux : je suis heureuse d’être une jeune femme en politique. »

Nombre de ses proches ne cachent pas leur admiration face à la précocité de son parcours