Mardi 3 décembre, haine +30. Trentième jour d’Éric Zemmour sur CNews, trentième jour de cravates hideuses, d’idées et de paroles à l’avenant. Des mots – « enclaves étrangères », « la tyrannie des minorités », « ils préfèrent vivre entre eux »… – remâchés tous les jours, enfoncés dans les crânes, des citations, les mêmes, resservies quotidiennement (Balzac, Cioran, de Gaulle), une ode à Napoléon un soir sur deux, des insinuations permanentes et des mimiques sursignifiantes comme à Guignol, ces bras croisés, ces sourcils levés au ciel pour discréditer l’interlocuteur, ce doigt pointé pour accuser, ces hochements de tête répétés pour approuver, comme ces petits chiens moches à l’arrière des voitures. De ça, de cette accumulation, que voulez-vous que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) trouve à redire ? « Le droit, rien que le droit », rappelle-t-on au CSA. Qui, ce lundi, s’est accroché à ce qu’il pouvait, le droit donc, pour infliger à CNews une mise en demeure, après les propos d’Éric Zemmour sur le général Bugeaud, massacreur d’Algériens. « Une légitimation de violences commises par le passé à l’encontre de personnes de confession musulmane », analyse le CSA, qui y voit également « une incitation à la haine ou à la violence à l’égard de cette même catégorie de la population ». Par ailleurs, l’instance a également saisi « le procureur de la République, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale, et de l’informer des plaintes reçues sur ce sujet ».
Le Conseil était saisi de trois saillies de Zemmour : sur Bugeaud donc (c’était le 23 octobre dernier), sur l’homosexualité vue comme un choix (le 15 octobre) et sur Pétain qui, selon Zemmour, aurait sauvé les Juifs français (le 21 octobre, face à Bernard-Henri Lévy).