Voilà un groupe on ne peut plus vertueux. Après la mise en clair de ses chaînes pour tromper l’ennui des Français confinés, Canal+ a décidé, à compter de ce lundi et pendant toute la semaine, d’offrir à la Fondation de France « l’intégralité des recettes publicitaires générées à 20 heures », écrit son patron Maxime Saada dans un message envoyé vendredi 3 avril au personnel, et dont Les Jours ont eu copie. Ce n’est pas tout, annonce-t-il : « Dans ce même esprit de solidarité, le directoire et moi-même avons décidé de réduire notre rémunération de 25 %. » Et c’est compter, souligne Saada, sans le rôle de son propriétaire, le groupe Bolloré, dont la filiale « Bolloré Logistics joue un rôle de tout premier plan dans l’acheminement d’équipements sanitaires vers la France », via le pont aérien mis en place depuis la Chine. Le mail de Maxime Saada est arrivé vendredi à 20 heures, pile au moment des applaudissements aux fenêtres en hommage au personnel soignant. Beau timing pour l’annonce principale du message : le recours au chômage partiel pour les salariés de Canal+. « Hélas », écrit Maxime Saada. Hélas, serions-nous tentés d’ajouter, la nouvelle risque fortement de déplaire au ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Car selon nos informations, en ces temps de solidarité nationale, Vivendi, la maison-mère de Canal+, ne renonce pas à verser des dividendes à ses actionnaires. Dans la convocation (rédigée après le début de l’épidémie) envoyée pour l’assemblée générale qui se tiendra le lundi 20 avril (« hors la présence physique de ses actionnaires ou des autres personnes ayant le droit d’y assister », du fait du coronavirus), Vivendi et, en l’espèce, le président du conseil de surveillance Yannick Bolloré et le président du directoire Arnaud de Puyfontaine, l’écrivent en toutes lettres : « Cette année, le directoire vous propose le versement d’un dividende de 0,60 euro par action au titre de 2019, en progression de 20 %, représentant une distribution globale de 697 millions d’euros. »