«Métier de journaliste bafoué », « ambiance pesante », « climat délétère », « réorganisation officieuse », « salariés usés »… Non, il ne s’agit pas là de la compilation des pires extraits des épisodes de L’empire sur le service des sports de Canal+. Ce sont bien les propres mots de l’inspectrice du travail qui vient de terminer son enquête et en adresse les conclusions à la direction de Canal+ dans une lettre que Les Jours se sont procurée. Et la lettre est on ne peut plus sévère envers l’entreprise que l’inspection du travail accuse tout bonnement de faire du « chantage à l’emploi ». Bienvenue dans la maison Bolloré, madame l’inspectrice.
Cette enquête avait été déclenchée par le droit d’alerte lancé par les élus de Canal+ pour « atteinte à la liberté individuelle » et pour « danger grave et imminent » au mois d’avril (lire l’épisode 162, « À Canal+, le service des sports en état d’alertes »). La deuxième fois seulement en 37 ans de chaîne cryptée qu’une telle procédure était lancée. Justification : la situation ubuesco-dramatique au service des sports. Rappelons le déclencheur : l’éviction, en novembre 2020, de l’humoriste des sports Sébastien Thoen pour avoir moqué, dans un sketch pour le site de paris en ligne Winamax (il était autorisé à travailler pour eux), le café du commerce populiste et xénophobe ordinaire de Pascal Praud sur CNews et son invité permanent, l’ex-RN Jean Messiha (lire l’épisode 144, « Bolloré : souriez, vous êtes viré »). De là, c’est une escalade absurde qui s’enclenche : dehors, le commentateur de foot Stéphane Guy pour avoir soutenu Thoen dans un petit mot à l’antenne (lire l’épisode 147, « Stéphane Guy viré : il y a main de Bolloré »). Dehors, les cent signataires d’un texte de soutien à Thoen à l’initiative de la Société des journalistes (SDJ). Les uns après les autres ont été licenciés, pigistes, CDD, CDI, les premiers tout simplement plus rappelés, les autres virés pour faute (dont une élue du personnel !) ou dans le cadre d’une négociation avec des indemnités calquées sur le modèle d’i-Télé, en 2016. Un plan social illégal et violent qui compte aujourd’hui 25 départs pour un seul motif : déloyauté envers Vincent Bolloré (lire l’épisode 164, « Canal+ : les sports de l’angoisse »).

Ces six mois de descente aux enfers bolloréens, Les Jours vous les ont révélés, racontés : la terreur, la violence, le droit du travail piétiné.