Il fallait bien qu’un jour, dans une obsession baptisée L’empire, une alliance rebelle se forme et contre-attaque. C’est i-Télé, en grève depuis lundi et qui, ce mercredi soir et pour son quatrième jour, a reconduit le mouvement jusqu’à jeudi 11 heures. Et c’était ce mercredi encore, vers 13 heures, devant le siège de Canal+ à Boulogne. Sur le parvis dominé par les immeubles de verre où la direction du groupe a ses bureaux, une assemblée générale d’une centaine de salariés de Canal+ a elle aussi voté la grève – 60 pour, 4 abstentions et zéro contre (oui, ça ne fait pas 100, tous n’ont pas osé prendre part au scrutin) –, rejoignant la petite sœur i-Télé. Un journaliste de la chaîne info, les yeux masqués derrière des lunettes miroir mais la voix émue, lance : On vous aime !
Et l’AG répond : Nous aussi !
Tous s’applaudissent.
Alors certes, dans un groupe qui compte 7 000 personnes, cette grève risque de passer inaperçue. Mais ici, ce n’est pas rien. Ce n’est pas rien de se rassembler quand le groupe est éclaté entre plusieurs immeubles et plusieurs métiers ; ce n’est pas rien de se réunir publiquement, au vu et au su de la direction ; ce n’est pas rien d’oser élever la voix quand on est détenu par un actionnaire qui, lors de sa prise de pouvoir, a décapité Canal+ en lâchant : La terreur fait bouger les gens.
Dans l’AG, d’ailleurs, on ne l’appelle que « l’actionnaire », jamais Vincent Bolloré. Mais il est partout. Dans le « Bluebus » électrique