D’abord, il y a eu « Bolloré ». Simple, direct. Ensuite, il y a eu « VB », vaine mais pourtant réelle tentative de prudence à l’endroit du nouveau patron. Puis il y a eu un simple « il ». Désormais, à Canal+, on dit « l’actionnaire ». « Ça me fait penser à l’Église, raconte un journaliste d’i-Télé, c’est l’Actionnaire avec un grand A. C’est le tout-puissant. On a l’impression que c’est quelqu’un qu’il faut vénérer. » L’Actionnaire, donc : Vincent Bolloré, alias le Saigneur de Canal+, le Dépeceur de Belmer, l’Étrangleur de Meheut, l’Estourbisseur d’Aprikian, l’Égorgeur de DRH, de directrice du cinéma, de patronnes d’i-Télé, de chef des sports, etc. Un méchant, un dur. Il adore ça.
En vrai, pourtant, il ne fait même pas peur, Vincent Bolloré. Le 12 novembre 2015, après un show de motivation des troupes en son Olympia, il est sorti le dernier de la salle de spectacles, costume bleu trop large aux épaules tranchant avec les costards ajustés sombres (et chemise blanche), l’uniforme habituel des dirigeants de la chaîne cryptée. Il a taillé le bout de gras avec des journalistes, mains dans la poche, il a parlé d’Universal (qu’il prononce « youniveursaule » à l’américaine), il a désigné du pouce derrière lui le fameux lettrage rouge qui, pour l’occasion, écrit « Canal » au frontispice de l’Olympia, il a dit ici, j’ai vu les Beatles en 64 avec Sylvie Vartan et Trini Lopez
. Et puis il est parti en lâchant à bientôt, les amis
. Sympa, quoi.
Six mois et une capilotade générale plus tard (les abonnés qui s’enfuient en courant, l’antenne sens dessus-dessous, les audiences itou, i-Télé en toupie et le deal Canal+ - BeIn Sport censé tout sauver envoyé aux oubliettes), Bolloré était un peu moins sympa avec les journalistes lors de la conférence de presse présentant le « nouveau Canal » fin juin.