«Je ne suis pas la cause des problèmes, j’en suis la conséquence, peut-être la solution, ça, on le verra à l’autopsie. » Vous avez bien sûr reconnu l’inimitable style de Vincent Bolloré dans l’une de ses célèbres punchlines. Celle-ci date du 12 novembre 2015, quand il réunissait les salariés de Canal+ en son Olympia (enfin, celui de Vivendi) pour un séminaire de motivation. Un peu plus d’un an plus tard, on dirait bien que l’heure de l’autopsie a sonné. Ce mercredi, Vincent Bolloré a de nouveau squatté l’Olympia et convié les salariés « à une présentation des contenus et ambitions 2017 » mais dans ladite présentation, il a oublié quelques chiffres que Les Jours sont en mesure de révéler. Et ce sont des chiffres négatifs. Les recrutements d’abonnés chutent à Canal+, et chutent lourdement : 21 % de nouveaux clients en moins en 2016. On dirait bien, pour reprendre sa formule, que plutôt que la solution, Vincent Bolloré est bel et bien la cause des problèmes de Canal+.
Selon les documents internes auxquels Les Jours ont eu accès, Canal+ n’a réussi à attirer que 437 246 nouveaux abonnés, en baisse de 21 % par rapport à une année 2015 déjà pas jolie à voir. Et la bérézina touche tous les moyens de réception, que ce soit le satellite (21 % de baisse d’une année sur l’autre), la TNT (6 % de moins) ou l’ADSL, désormais le mode d’abonnement majoritaire des clients de Canal+, avec une chute de 23 %.

Mais il y a pire : en octobre dernier, Canal+ présentait une refonte totale de ses offres « au service d’une ambition : doubler le nombre d’abonnés », trompettait un rien fiérot, Maxime Saada, numéro 2 du groupe. Des prix cassés (à partir de 19,90 euros par mois contre près de 40), une distribution ouverte à tous les opérateurs et plus seulement exclusivement contrôlée par Canal+… Totalement galvanisée, Canal+ promettait même que le miracle de la multiplication des abonnés se ferait dès 2017. On peut dire que c’est pas gagné : selon nos informations, en décembre, les recrutements d’abonnés avec engagement sont en baisse de 15 % par rapport à décembre 2015. Et ce, alors que décembre est un mois crucial pour Canal+, celui où, traditionnellement, on glisse un abonnement sous le sapin, il représente même 15 % des ventes de l’année.
Sur l’année 2016, c’est catastrophique et leur relance avec les nouvelles offres ne prend pas sur un mois de décembre normalement favorable pour les ventes.
Ce mois de décembre 2016 était encore plus crucial car c’était celui du lancement des fameuses nouvelles offres à grand renfort d’une campagne de pub télé (qui a coûté, selon Les Échos, 10 millions d’euros) mettant en scène une cuisine de grand restaurant où se mitonnerait le meilleur de Canal+, sauté de séries, effiloché de rires, sport braisé en sauce.