C’était il y a deux ans, il y a un siècle, il y a une éternité. Les tranches en clair de Canal+ rapportaient 130 millions d’euros de recettes publicitaires, Le Grand Journal version Antoine de Caunes réunissait 1,1 million de téléspectateurs, i-Télé ne faisait que deux fois moins d’audience que BFMTV. Un siècle, une éternité et puis – on ne va pas lâcher notre référence à Joe Dassin ainsi, vous allez voir – il est arrivé, l’été bolloréen. Le 29 juin 2015, un an après avoir pris le contrôle de la maison-mère Vivendi, Vincent Bolloré se mettait à repeindre Canal+ du sol au plafond, décrétait la suppression des Guignols – avant de revenir sur sa décision –, puis mettait à sac grille et organigramme, à la trappe tous. Deux ans plus tard, la terre brûlée par Bolloré fume encore et rien ne repousse, certainement pas les téléspectateurs. Alors que, d’ordinaire, les grilles de la rentrée sont bouclées début juin, la direction de Canal+ a attendu la semaine dernière et un comité d’entreprise pour présenter les programmes de ses différentes chaînes. Et encore ne sont-ce là que des embryons de grille, et ils ne sont pas jojo (non, pas Dassin, ça suffit maintenant).
Pourtant, Canal+ est revenu dans le game du mercato télé en arrachant Yves Calvi à LCI où il marinait devant quelque 300 000 téléspectateurs. Soit trois fois plus qu’il va en trouver sur Canal+… À 57 ans, c’est lui qui sera en charge de la tranche en clair de la chaîne cryptée à la rentrée, de faire remonter les audiences et, partant, les rentrées publicitaires. Un boulot titanesque : sur les six premiers mois de 2017, le groupe n’affiche plus que 32 millions d’euros de recettes publicitaires, contre 82 millions en 2016 et 130 millions en 2015, selon les chiffres communiqués par la direction lors de ce comité d’entreprise la semaine dernière. Aux représentants du personnel, Gérald-Brice Viret, directeur des antennes du groupe Canal+, n’a pas dit grand-chose de l’émission de Calvi sinon qu’elle serait diffusée à partir de 19 heures sur Canal+, qu’elle causerait actualité et qu’elle serait en direct deux heures durant. Et elle bénéficiera d’une double exposition : d’abord retransmise sur Canal+, elle sera ensuite rediffusée dans la soirée sur CNews, à savoir feu i-Télé. Premier avantage : ça remplit la grille de CNews. Deuxième avantage : la direction a décidé, selon nos informations, de faire embaucher toute l’équipe de Calvi, soit 13 CDI, le journaliste inclus, par CNews plutôt que par Canal+.

Futé mais un chouille voyant : la direction de Canal+ s’était engagée à remplacer tous les partants d’i-Télé – 83 CDI et CDD, sans compter les pigistes.