Après les révélations des Jours sur la diffusion en catimini sur Canal+ d’une pub clandestine pour le Togo, grand partenaire financier de Vincent Bolloré, le Conseil supérieur de l’audiovisuel entre dans la danse. Selon nos informations, le CSA a en effet ouvert une instruction qui déterminera, au terme du looooong processus généralement observé par l’instance, si cet étonnant objet télévisuel mérite sanction. On devrait être fixé dans les deux mois mais pour patienter, et rire un peu, nous vous avons déniché les réponses tout à fait officielles faites par la direction aux syndicats qui l’interrogeaient ce jeudi sur le machin. Et vous allez voir, on sait encore se marrer sur Canal+.
Mais d’abord, le machin en question. Il est 7 h 03 ce vendredi 22 décembre 2017 quand cet étonnant spectacle est offert aux rares téléspectateurs de Canal+ à cette heure-là – à peine quelques dizaines de milliers. Un jingle de la chaîne avec le logo Canal+. Un écran noir. Et, sans autre forme d’avertissement, de générique, de titre ou d’incrustation précisant la nature du programme, voici un film de 6 minutes et 40 secondes proprement ahurissant. « L’Afrique est en mouvement, elle invente, se modernise et prend son destin en main, dit la voix off sur un mur d’images qui ne déparerait pas au festival du film d’entreprise. Aujourd’hui, un pays est regardé avec beaucoup d’attention pour son engagement : le Togo. » Oui, on parle bien de ce pays où Vincent Bolloré fait de bonnes affaires, du port autonome de Lomé, la capitale, qu’il gère, à la salle de cinéma CanalOlympia qu’il a inaugurée en octobre dernier. Oui, ce même Togo dont le président Faure Gnassingbé réprime fermement son opposition. Ainsi que, d’ailleurs, un reportage de Canal+ l’avait expliqué dans l’émission L’Effet papillon. Vous savez, ce reportage qui a été expurgé des replays du groupe sitôt sa diffusion, ce reportage qui avait déclenché, en représailles bolloréennes, le licenciement de la petite main coupable d’une rediffusion sur Canal+ International et, quelques jours plus tard, de l’éviction du numéro 2 de la filiale de Canal+, François Deplanck.
Dans son engagement pour demain, le Togo peut aussi s’appuyer sur sa stabilité. Stabilité économique mais aussi une stabilité politique qui sécurise tout le pays et encourage des investissements venus du monde entier. C’est le pari du président togolais Faure Gnassingbé.
Mais des investissements de Bolloré, comme de l’opposition à Faure Gnassingbé, qui a pourtant réussi à coaliser quatorze partis contre lui depuis l’automne, il n’est jamais question dans la vidéo diffusée le 22 décembre.