«Vincent Bolloré s’est comporté comme un voyou. Il m’a roulé, trompé, humilié. Je n’oublierai jamais. » De qui ce jet de fiel, de bile amère ? Ils sont nombreux à prétendre à ce titre de roulé dans la farine par le proprio de Canal+. Mais ce cri – bien que datant de 2003 et émis en souvenir d’une autre baston datant de 1998 –, est furieusement d’actualité puisqu’il a jailli de la bouche de Martin Bouygues, le proprio de TF1. Ce même groupe TF1 qui vient de se faire éjecter des offres de Canal+, marquant ainsi son refus de raquer pour héberger les programmes de la Une.
C’était jeudi dernier, 1er mars, sur les coups de 23 heures, Canal+ décide de couper le kiki de TF1 au beau milieu d’un épisode de la série policière française Section de recherches, et, dans le même bel élan, de toutes ses chaînes gratuites, TMC, TFX, TF1 Séries Films et LCI. À la place, les abonnés à Canal+, qui dans leur bouquet ont également toutes les chaînes gratuites, ont droit sur leur écran à ce message qui démarre ainsi : « Le groupe TF1 veut désormais faire payer ses chaînes gratuites, alors même que ces chaînes sont diffusées gratuitement sur la TNT et sur internet. » Et c’est en effet la stratégie désormais adoptée par le PDG de TF1 Gilles Pélisson qui ne veut plus dépendre uniquement de la publicité : faire payer les opérateurs de télévision payante qui diffusent ses chaînes.
Exactement au même moment Canal+ balançait électroniquement un communiqué disant regretter « l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations avec le Groupe TF1 après 18 mois de discussions ». C’est 20 millions d’euros que réclamerait TF1 à Canal+, 100 millions tous opérateurs confondus parce que la Une est déjà arrivée à un accord avec SFR, ainsi que, mais c’était forcément moins tendu, avec Bouygues Télécom.