Non seulement Vincent Bolloré a fait toute sa fortune en faisant trimer des petits enfants africains, mais en plus, s’ils ne travaillent pas assez vite, il en mange un par jour, pour l’exemple – frit dans l’huile de palme. Et puis aussi Vincent Bolloré a soudoyé le président de la République François Hollande pour qu’il corrompe son alter ego camerounais Paul Biya afin de décrocher un juteux marché. Là, chers lecteurs, vous vous dites : « OK, le prochain épisode de L’empire sera écrit depuis la paille d’une cellule », où ces diffamations caractérisées ne manqueront pas de nous envoyer réfléchir à nos actes. Eh bien non : c’est ainsi, en à peine boursouflé par nos soins, qu’Olivier Baratelli, l’avocat de Vincent Bolloré, a résumé ce mardi devant le tribunal de Nanterre le Complément d’enquête à son client consacré : « Bolloré, un ami qui vous veut du bien ? ».
Vincent Bolloré, qui vient de souffler ses 66 bougies dimanche dernier, a en effet décidé pour fêter ça de se payer France 2. Un beau cadeau qu’il se fait là : attaquer la chaîne qui a diffusé en avril 2016 ce documentaire, signé Tristan Waleckx (avec Matthieu Rénier à la caméra), récompensé du prix Albert-Londres en 2017. Pour le récompenser, Vincent Bolloré a tenu, lui, à l’attaquer en justice. Pas une, mais deux fois ! Pour dénigrement d’abord, au tribunal de commerce de Paris : là, il réclame l’astronomique somme de 50 millions d’euros. Une procédure pour le moins originale – mais de plus en plus répandue –, puisqu’un droit spécifique à la presse existe, et d’ailleurs Vincent Bolloré ne se prive pas de l’utiliser : il attaque en effet aussi France 2 pour diffamation, devant le tribunal de grande instance de Nanterre. Mais ce n’est pas tout, il y a une troisième plainte, déposée cette fois par la société Socapalm dont Vincent Bolloré est actionnaire… à Douala, au Cameroun, dont l’audience se tient ce jeudi. Là ce sont carrément des peines de prison qu’encourent Tristan Waleckx en tant qu’auteur du documentaire et Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, en tant que directrice de la publication.

Derrière cette offensive bolloro-judiciaire tous azimuts, il y a Olivier Baratelli, fidèle avocat de l’homme d’affaires breton depuis vingt-cinq ans. Fidèle au point, explique-t-il, que Vincent Bolloré lui a délégué le pouvoir d’attaquer en son nom.