«Mes chers amis »… « “Mes chers amis !”, maugrée un salarié de Canal+ à la lecture des premières lignes du mail envoyé par Vincent Bolloré ce mercredi à tous ses salariés. Jusqu’ici, il n’a pas montré beaucoup d’affection envers nous… » On le voit, l’ambiance n’est pas exactement au bisou-bisou du côté de la chaîne cryptée, et le mail de Vincent Bolloré, envoyé ce mercredi 2 mai à 9 h 10, dont Les Jours ont eu copie, destiné à s’expliquer et à rassurer, va avoir du mal à réchauffer l’atmosphère.
C’est la deuxième fois que Vincent Bolloré prend la parole depuis sa mise en examen – sans contrôle judiciaire – la semaine dernière par les juges Aude Buresi et Serge Tournaire du pôle financier pour « corruption d’agent public étranger », « complicité d’abus de confiance » et « complicité de faux et usage de faux ». Il est en bonne compagnie : Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, est mis en examen pour les mêmes motifs. Jean-Philippe Dorent, directeur du pôle international d’Euro RSCG, filiale du groupe Havas, est lui placé sous le statut de « témoin assisté » pour « corruption d’agent public étranger ». Ce qui signifie qu’il existe à l’encontre de Vincent Bolloré des indices graves ou concordants, tout en étant présumé innocent de ce dont la justice le soupçonne. C’est-à-dire d’avoir sous-facturé des prestations d’Havas, la filiale communication du groupe Bolloré (rachetée par Vivendi en 2017, ça reste dans la famille) dans le but de faire (ré)élire les présidents guinéen, Alpha Condé, et togolais, Faure Gnassingbé, en échange des concessions des ports de Conakry et Lomé.
Le tintamarre médiatique organisé depuis quelques années a fini par pousser la justice à me convoquer et à me “mettre en examen”.
La première prise de parole le week-end dernier dans Le JDD voyait Vincent Bolloré se poser en victime de « clichés » contre le continent africain « appréhendé comme une terre de non-gouvernance, voire de corruption. On y imagine des chefs d’État décidant seuls d’accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux… » Avant de passer au registre de la menace : « Faut-il abandonner l’Afrique ? » Compris, les pouvoirs publics ? Si on n’arrête pas d’embêter Bolloré, Bolloré va quitter l’Afrique et adieu les juteux marchés pour la France. Hum, Vinz, sauf ton respect, ça se voit un peu.
Dans son mail interne, Vincent Bolloré reprend cette posture du Caliméro, coquille ébréchée bien vissée sur le crâne.