Nous sommes au regret de vous annoncer que nous allons devoir changer le sous-titre de L’empire. Ce n’est plus « Comment Vincent Bolloré a mangé Canal+ » mais « Comment Vincent Bolloré a tué Canal+ ». Ce mardi, pour la première fois de son histoire commencée en 1984, Canal+ a perdu les droits télé de la Ligue 1 (L1) de football. Soit un de ses principaux moteurs d’abonnement de Canal+, au dessus de 60 % selon les experts. Soit, pour le groupe, la confirmation du merdier velu dans lequel l’entraîne Vincent Bolloré depuis sa prise de contrôle au printemps 2015.
« Ils ont été mauvais, mauvais… » Celui qui parle ainsi de Canal+ aux Jours a suivi de l’intérieur de la Ligue de football professionnel (LFP) toute la journée de mardi où s’est déroulé l’appel d’offres. Plus diplomatiquement, Michel Denisot qui siège là en tant que représentant de la Fédération française de football a évoqué « un pincement au cœur pour tous ceux qui aiment Canal et ceux qui y ont travaillé ». Face aux présidents de club récipiendaires d’une bonne partie des droits télé versés par Canal+ depuis 1984, le directeur général de la LFP, Didier Quillot, qui a mené l’appel d’offres, a quant à lui déclaré : « Nous sommes tous conscients que ce qui s’est passé aujourd’hui représente un tournant. » Un tournant pour la ligue puisque les droits atteignent l’historique et astronomique somme de 1,15 milliard d’euros par saison (contre 762 millions aujourd’hui). Un tournant pour Canal+ car qui dit perte du foot, dit évasion d’abonnés en masse, dit baisse du chiffre d’affaires et dit, mécaniquement, baisse du financement du cinéma français sur lequel il est indexé. Bref : Canal+ n’a pas le cul sorti des ronces. Et ça risque de sérieusement piquer.
À compter de la saison footballistique 2020-2021 et pour quatre années, il ne faudra donc plus compter sur Canal+ pour se shooter au ballon rond mais sur Mediapro. Qui ça ? Un groupe audiovisuel espagnol contrôlé à 53,5 % depuis février par le fonds d’investissement chinois Orient Hontai Capital et détenu à 22,5 % par WPP, le géant de la publicité grand rival du Havas de Vincent Bolloré. Mediapro exerce ses talents dans la production, dans le cinéma et dans plusieurs chaînes espagnoles. Dont la plus récente s’appelle BeIn LaLiga. Oui comme BeIn Sports : le groupe qatari a topé avec Mediapro qui s’est offert les droits de la L1 espagnole, la Liga.