Bonjour, téléspectateurs de CNews, on a une info pour vous. Le propriétaire de la chaîne d’info que vous regardez a été placé en garde à vue ce mardi, avant d’être mis en examen mercredi soir. Nous voilà contraints de faire le service après-vente de feu i-Télé : il a fallu pas loin de deux heures après l’annonce du Monde que Vincent Bolloré a été mis en garde à vue pour que « sa » chaîne info en fasse état, alors que toutes les concurrentes n’ont pas tardé à en faire leur miel. Et encore, c’était, dans le bandeau déroulant en bas de l’écran à 12 h 45, uniquement pour reprendre le communiqué du groupe Bolloré « démentant formellement » toute « irrégularité » dans les affaires africaines qui intéressent la justice.
Une mention qui s’est faite très discrète dans le bandeau de CNews au cours de la journée où, d’ailleurs, le directeur de la chaîne Serge Nedjar était aux manettes. Il a même fallu attendre 14 h 39 pour avoir l’info en toutes lettres. Alors voilà : Vincent Bolloré est en garde à vue dans les locaux de la police financière de Nanterre, ce fameux Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) que Camille Polloni vous a fait découvrir dans la série À la poursuite de l’argent sale. Le soupçon des juges à l’endroit de Vincent Bolloré ? Corruption, rien de moins. Le groupe Bolloré est soupçonné d’avoir mis sa filiale Havas au service des campagnes électorales d’Alpha Condé (en Guinée) et Faure Gnassingbé (au Togo), d’avoir sous-facturé ses prestations et d’avoir, une fois Alpha Condé élu et Faure Gnassingbé réélu, obtenu du premier la concession du port de Conakry et du second celle du port de Lomé.

L’information judiciaire, qui met sérieusement dans la panade notre ami Vincent, est notamment ouverte pour « corruption d’agents publics étrangers », un délit créé en 2000, passible de dix ans de prison et d’un million d’euros d’amende. L’enquête a démarré sur les activités africaines de la Pefaco, une société française spécialisée dans l’hôtellerie et les jeux. Dont le dirigeant, Francis Perez – également placé en garde à vue – est en relation avec un certain Jean-Philippe Dorent, haut cadre de chez Havas. Lequel Dorent a participé à la campagne d’Alpha Condé pour la présidence guinéenne en 2010 mais aussi à celle de Faure Gnassingbé, la même année au Togo.