«Bravo ! Bravo pour votre travail ! » L’homme qui vient de sauter sur Tristan Waleckx n’est pas un journaliste de l’équipe de Complément d’enquête venue en masse soutenir son collègue en ce jour de jugement. Il n’est même pas concerné par l’affaire Bolloré contre France 2. Non, vêtu d’un T-shirt bleu sur lequel est inscrit « Trop forts », il attendait un autre jugement dans une autre affaire dans la même salle d’audience. À l’annonce de la relaxe, il s’est mis à applaudir, se faisant rabrouer. À la sortie, il fait plein de petits bonds autour de Tristan Waleckx : « Bravo ! Avec Bolloré, il suffit de tousser et bim ! »
Et bim, diffamation, devant le tribunal de grande instance de Nanterre, 450 000 euros demandés pour le reportage de Complément d’enquête intitulé « Bolloré un ami qui vous veut du bien ? » diffusé par France 2 en avril 2016 et lauréat du prix Albert-Londres en 2017. Bim, dénigrement devant le tribunal de commerce cette fois, une procédure atypique puisqu’un droit spécifique à la presse existe, mais de plus en plus utilisée pour dissuader les journalistes d’enquêter. Là, c’est 50 millions d’euros que réclame en toute simplicité Bolloré. Et bim enfin, une troisième plainte, au Cameroun cette fois, déposée par la Socapalm, société dont Vincent Bolloré est actionnaire, et pour laquelle Tristan Waleckx et la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte risquent carrément des peines de prison.
C’est dire si ce premier des trois jugements était attendu.