Deux journalistes sont dans un amphi. L’un est muni d’un stylo, l’autre d’un appareil photo. Lequel essuie le plus de regards courroucés, de mains devant le visage, d’esquisses de fuite ? Le photographe, évidemment.
Pour le premier épisode de l’obsession L’étincelle (lire l’épisode 1, « À la recherche de la colère »), nous avons assisté ensemble à deux AG d’universités, à Nanterre et Tolbiac. Pour ne prendre personne en traître, nous avons commencé par nous présenter et attendre, en bas des marches. La coutume estudiantine veut qu’en début de séance, la présence de la presse et l’étendue de sa liberté de mouvement soient mises aux voix, à main levée. Ce mercredi, pour la première fois depuis le début du mouvement, les étudiants de Paris-VIII ont joué à guichet fermé en votant le départ des journalistes.
À Nanterre, la semaine dernière, pendant les minutes de flottement où la discussion se met en route, un confrère nous glisse à l’oreille qu’il a l’impression d’être à son procès. Le modérateur du débat nous introduit : Il y a des journalistes, ils veulent savoir s’ils peuvent assister à l’AG.
Silence relatif, brisé par le premier mécontent précisant qu’il ne veut pas apparaître sur les photos. Une poignée d’étudiants embrayent, lèvent la main et les scrupules des autres.
On leur suggère de se regrouper au dernier rang pour rester hors-champ. Ceux qui trouvent l’idée acceptable commencent à se déplacer. Le reste râle.