L’étincelle

Élève de Normale sup rue d’Ulm et mathématicien en master 2 à Paris-Sud, Jean se sent proche de Solidaires étudiants mais n’y a pas pris sa carte. Issu d’une famille catholique et de droite, il s’engage pour la première fois contre la loi El Khomri. Après quelques jours de participation à des AG et à des manifs, il est élu délégué pour représenter sa fac (Paris-XI) dans les coordinations régionales et nationales.

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Né en 2012, au moment de l’affaire Leonarda, le Mouvement inter-luttes indépendant (anciennement « inter-lycéen indépendant ») réunit une quarantaine de jeunes parisiens de 15 à 23 ans. Anti-autoritaire, antifasciste et influencé par les ouvrages du Comité invisible, ce groupe d’action se revendique autonome des organisations lycéennes et étudiantes. Très actifs dans les cortèges contre la loi El Khomri, ses membres sont souvent équipés de masques, de fumigènes et de gros pétards. Une partie des manifestants les traite de « provocateurs » ou de « casseurs », quand d’autres les regardent passer avec une certaine fascination.

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Lancé en octobre 2015 par Mehdi Litim, 38 ans, le Trappy Blog s’inspire directement du Bondy Blog, pionnier des « blogs sur la banlieue ». Conçu comme un atelier d’écriture ouvert aux volontaires, il vise à « donner la parole publique aux habitants de quartiers populaires de Trappes et de ses environs ». Les Jours ont rencontré sept de ses contributeurs, à la fac de droit de Saint-Quentin en Yvelines, pour discuter avec eux de la mobilisation contre la loi travail. Bien qu’intéressés par l’actualité politique, ces étudiants et jeunes actifs se sentent bien loin des manifestations parisiennes.

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Punchline numéro 1 : « Je ne suis pas de gauche, je ne suis pas de droite : je suis scientifique. » Punchline numéro 2 : « La violence n’est pas un plat qui se mange froid ; la violence, c’est un plat qui se mange chaud et rapide. » Belhassen, 18 ans, est lycéen à Henri-Bergson, un établissement parisien dont plusieurs élèves ont été victimes de violences policières. Belhassen représente les lycéens et il est en plein apprentissage de la politique.

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Arrivée en France il y a quatre ans, Sophia a grandi en Arabie saoudite, où ses parents vivent expatriés. En 2012, elle a voté Sarkozy. Depuis, elle a « fait sauter ses préjugés sur les classes populaires » en côtoyant d’autres milieux à la fac. Elle étudie le droit et la philo. « Humaniste » et « féministe », Sophia est séduite par « la ferveur » de la place de la République occupée.

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Martin, médecin généraliste, travaille dans deux hôpitaux (l’un à Paris, l’autre en proche banlieue). Abonné au journal Fakir et membre d’Acrimed, il rejoint la Nuit Debout dès le 31 mars et revient « deux ou trois heures par jour » depuis, à la sortie du boulot. Depuis son poste d’observation préféré, l’infirmerie installée sur la place, il espère « voir ce qui va se passer ».

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Fondateur du journal Fakir, il a réalisé Merci patron !, documentaire militant sur LVMH sorti en salles fin février, devenu l’une des références culturelles du mouvement contre la loi travail. Le journaliste picard est venu s’adresser à l’assemblée générale de la place de la République, mardi 5 avril. Sa carrière dans la critique des médias commence dès sa sortie de l’école, quand il publie Les Petits Soldats du journalisme (Les Arènes, 2003). Il contribue ensuite à Là-bas si j’y suis, au Monde diplomatique et publie plusieurs ouvrages.

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Économiste et philosophe, il est l’une des seules figures intellectuelles à avoir apporté un soutien public au mouvement contre la loi travail. Son intervention du 30 mars, très applaudie à l’université de Tolbiac, a été vue 32 000 fois sur Dailymotion. Le lendemain, lors de la première Nuit debout parisienne, il prend la parole quelques minutes au micro. Chercheur au CNRS, il est aussi membre des Économistes atterrés et blogueur, favorable à la sortie de l’euro et à la fermeture de la Bourse.

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Fonctionnaire en disponibilité, Joël passe « un soir sur deux » à Nuit debout place de la République à Paris. Depuis le début du mouvement, il participe aussi à la « medical team », une équipe de secouristes présents lors des manifestations. Militant de longue date contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, il a été assigné à résidence pendant la COP21.

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Dikra est en première année de droit à Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle est arrivée d’Algérie à l’âge de 12 ans. Elle vit chez ses parents, à Trappes (Yvelines). Son père, ancien chauffeur de poids lourds, est aujourd’hui en invalidité. Sa mère ne travaille pas. Dikra, qui se définie comme « révoltée », n’avait jamais participé à une manif jusqu’ici. « Pour moi, c’est quelque chose qui se passe à Paris, pour les Parisiens. On est un peu trop loin de ce qui se passe là-bas. C’est trop différent de nous. » Mais finalement, elle est allée rejoindre Nuit debout. Membre du Trappy Blog, elle a tiré un article de son expérience.

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Tristan vit à Saint-Quentin-en-Yvelines et est en recherche d’emploi. Il est né à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), d’un père français, livreur, et d’une mère algérienne, handicapée de naissance. La famille a déménagé dans les Yvelines quand Tristan avait trois ans. Il a une grande sœur et un petit frère. Engagé depuis plusieurs années via un blog sur la vie politique locale, Tristan a participé — et chroniqué sur le Trappy Blog – les Nuits debout de Saint-Quentin-en-Yvelines.

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Lucie est venue à Nuit debout dès le 31 mars. Deux jours plus tard, elle rejoint la commission « accueil et sérénité » et investit quotidiennement la place de la République pendant un mois et demi. « Ça fait des années que je bous intérieurement, ça m’a fait du bien. »

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