Il y a des événements qui appellent à garder la tête froide, crient « dans quelques jours, on y verra plus clair » et produisent pourtant l’exact inverse. L’incendie d’une voiture de police, mercredi dernier à Paris, est de ceux-là. Aujourd’hui, six jours après les faits, un juge doit décider si les quatre jeunes hommes mis en examen doivent être maintenus en détention provisoire. Retour sur une semaine de déclarations politiques déconnectées de la réalité.
Mercredi 18 mai, à midi, plusieurs centaines de policiers sont rassemblés place de la République, à Paris, pour dénoncer « la haine anti-flics » à l’appel du syndicat Alliance. Une manifestation contre les violences policières, interdite par la préfecture à la dernière minute, se tient simultanément de l’autre côté de la place. Les deux rassemblements sont séparés par un gros déploiement de gendarmes mobiles, des barrières et un filtrage des piétons.
À midi et demi, environ 150 contre-manifestants partent en cortège sauvage dans les rues avoisinantes, jusque sur les bords du canal Saint-Martin. C’est là qu’une voiture de police sérigraphiée, sans lien avec ces mobilisations, croise leur route. À coups de pieds et de poteaux de signalisation, des manifestants brisent les vitres du véhicule et jettent un fumigène à l’intérieur par la lunette arrière. Les deux agents en uniforme en sortent et la voiture brûle entièrement, sous les yeux de nombreux photographes professionnels et amateurs.

L’après-midi même sont publiées les premières âneries. La préfecture de police explique aux journalistes que l’incendie a été causé par un cocktail molotov (en fait un fumigène), et qu’une quinzaine d’individus
ont sorti les policiers de force. Les vidéos sorties dans la foulée, très vite reprises par des sites d’information, montrent à quel point la situation était dangereuse, mais remettent les choses à leur place : entre deux et cinq personnes s’en prennent à la voiture bloquée dans la circulation et à l’adjoint de sécurité au volant, qui s’éloigne ensuite par ses propres moyens. Un homme qui ressemble fort à un manifestant vient en aide à sa collègue assise sur le siège passager.
L’ouverture immédiate d’une enquête pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique », un crime passible des assises et de la prison à perpétuité, donne le ton des heures suivantes. À terme, si l’intention de tuer n’est pas prouvée, la justice peut requalifier les faits en « violences volontaires ».