Rennes, envoyée spéciale
Trois amies de lycée discutent sur l’esplanade Charles-de-Gaulle en attendant que le cortège rennais démarre. Il y a Justine, étudiante en master de socio ; Héloïse, en droit public ; et Rozenn, qui s’est lancée dans un service civique après une licence de psycho. Ce jeudi, c’est sa première manif de la saison, parce qu’après avoir vu quelques images de la ville toute retournée, elle n’osai[t] pas venir toute seule
, de crainte que ça secoue trop. Ses copines relativisent : pour elles, la presse a surinterprété
le niveau de violence à Rennes, en laissant entendre qu’il y avait de la casse partout
. Je n’ai pas vu tant de gens que ça avec des cailloux
, glisse Heloïse, qui a aussi défilé à Lille et à Paris, mais ici, on se fait charger direct
. Justine évoque une réponse policière massive
. Moi, j’ai une écharpe et du sérum physiologique dans mon sac contre les lacrymos, je suis considérée comme une casseuse ?
De ces quatre mois politiquement stimulants, les étudiantes gardent deux arêtes dans la gorge : le 49-3 et les violences policières
.
À Rennes, les conversations tournent vite autour de ce climat particulier. Le contexte local est tendu et plein de reproches. Entre la police et les manifestants, ce n’est pas le grand amour. Entre les commerçants du centre-ville et les casseurs
, non plus. Les parties en présence se rejettent mutuellement la faute. Les Jours ont rencontré des manifestants et le préfet d’Ille-et-Vilaine, Christophe Mirmand, pour croiser les points de vue.
Ce jeudi, la manifestation rassemble environ 2 000 personnes et débute dans le calme.