Le 16 avril 2017, lorsque le « oui » l’a emporté au référendum en Turquie, il n’y a eu que 1 300 000 voix d’écart, dans un pays comptant 80 millions d’habitants. C’est extrêmement maigre pour un changement très radical de régime : l’inscription dans la Constitution d’un système autocratique fait sur mesure pour l’actuel président, Recep Tayyip Erdogan ; l’annulation de la séparation des pouvoirs ; la perpétuation des mesures de l’état d’urgence… Cette très faible différence permet à l’opposition de repousser la démoralisation, le découragement, malgré le résultat. Les partisans du « non » restent très mobilisés. Parce qu’ils ont la certitude qu’une fraude a été organisée par les défenseurs du « oui », parrainés par le parti-État d’Erdogan, et que cela a engendré une manipulation massive des voix, jusqu’à probablement inverser le résultat.
En plein milieu de journée, ce dimanche 16 avril, alors que le vote était commencé depuis plusieurs heures (et même achevé pour les Turcs de l’étranger), le Conseil supérieur électoral (YSK) a décidé de changer la règle. Il a annoncé que les bulletins de vote et enveloppes ne comportant pas le sceau officiel (qu’appose théoriquement le scrutateur dans le bureau de vote) seraient tout de même valides, « tant qu’il n’est pas prouvé qu’ils sont apportés de l’extérieur ». Puis une décision complémentaire a permis de valider des bulletins marqués avec des cachets d’élections antérieures… Décision prise à la demande du représentant de l’