Les ennuis d’Adnan n’avaient pas attendu le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 en Turquie, mais la vie de ce chef d’entreprise n’a vraiment basculé qu’au lendemain du putsch. Il sortait alors de soixante-trois jours de détention provisoire, parce qu’on le soupçonne, comme il nous l’a confié (lire l’épisode 7, « Soudain, sans raison, la prison »), d’avoir aidé la confrérie Gülen, ex-alliée devenue ennemie numéro un du président Erdogan. Mais après le 15 juillet, il s’est soudain retrouvé banni de ses affaires, paria de tous côtés. Comme des dizaines de milliers de citoyens, il a découvert que les purges, en Turquie, s’accompagnent souvent d’une mise à mort sociale.
« Jusqu’en juillet, j’avais deux associés, raconte-t-il en se tenant droit dans son costume sombre, sur la terrasse d’une cafétéria dans un centre commercial.