Au premier rendez-vous, Gülistan semblait d’abord réservée, timide. Puis à l’évocation du sort réservée aux femmes dans cette Turquie qui se replie sur ses conservatismes (lire l’épisode 2, « Une véritable ingénierie conservatrice se met en place »), elle a hoché la tête, s’est mise à parler de façon plus déliée. Gülistan Zeren étudie la sociologie à l’université francophone de Galatasaray, à Istanbul, en quatrième année. Elle y compare les systèmes de santé turc et français. Et depuis quelques années, observe le recul des droits des femmes, dans leur intimité comme dans l’espace public.
En apparence, la Turquie reste cette vitrine où laïques et musulmanes cohabitent tranquillement. Dans les quartiers les moins conservateurs des grandes villes, voiles et cheveux libres se partagent la rue, se mêlent dans les groupes. L’accès au crédit, le redressement économique du pays et la multiplication des centres commerciaux, ont rendu visible l’émergence d’une bourgeoisie musulmane, qui achète, s’habille de façon moins traditionnelle. La mondialisation a modernisé le conservatisme
, se moque Izzeddin Çalislar. Mais derrière l’apparence, les droits reculent.
Dans un pays où l’essentiel de la presse est tenue – et le reste des médias pas toujours très sérieux, à quelques journaux indépendants près –, les rumeurs font la loi, et compliquent les combats. Sur la question de l’avortement, même les militants ne semblent pas toujours au courant.