Aux Jours, vous l’avez peut-être constaté, on n’est pas fans, mais alors pas fans du tout, des sondages. Surtout quand ils concernent la politique. Nous n’en produisons pas (leur coût peut être très faible – voire nul –, en fonction des accords entre les médias qui les publient et les instituts, ainsi que de la manière dont ils sont réalisés) et nous n’utilisons pas leurs résultats dans nos articles. Trop de doigt mouillé, de questions biaisées, de prédictions divinatoires et d’échantillons uniquement représentatifs d’eux-mêmes. Surtout lorsqu’il s’agit de pronostics électoraux ou d’intentions de vote. Mais il faut toujours des exceptions, des cas particuliers, sinon ce ne serait pas drôle et vous ne pourriez jamais pester contre nous ! Voilà donc un bon gros sondage, passé assez inaperçu en raison de l’élection présidentielle américaine, qui, comme on dit dans le jargon, « a écrasé le reste de l’actualité ». Il est pourtant stupéfiant. Glaçant et inquiétant. Il est aussi en totale résonance avec cette obsession qui tente de dépiauter les ressorts et les conséquences du désenchantement politique. Mais par-dessus tout, il se lit, depuis ce mercredi 9 novembre, à l’aune de ce qui est advenu aux États-Unis avec l’élection de Donald Trump, et doit nous interpeller sur la trajectoire politique de ses clones européens : Marine Le Pen, Viktor Orbán, qui dirige aujourd’hui la Hongrie, l’Italien Silvio Berlusconi hier. Et bien d’autres encore.
Réalisée par Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, l’institut Montaigne et Sciences-Po, cette enquête d’opinion est intitulée « Les Français, la démocratie et ses alternatives ». Elle révèle un profond malaise d’une large partie des sondés avec l’idée même de démocratie et un degré de défiance d’une ampleur inédite vis-à-vis des acteurs de la politique au sens large (élus, syndicats, médias…).