Dans les deux épisodes précédents de La fête du stream, j’ai raconté comment les musiques de mood, ou d’ambiance, une nébuleuse sonore à qui l’on confie la bande originale de notre quotidien, sont devenues omniprésentes dans les playlists proposées par les plateformes de streaming. Elles répondent là à un vieux besoin des auditeurs, qui remonte à bien avant le streaming ou même internet, d’écoute passive et bienveillante. Mais pour les plateformes, le mood redessine aussi complètement la façon d’organiser la musique et de la présenter à leurs utilisateurs. Et nous ne sommes qu’aux prémices d’une mutation de fond dans laquelle les musiques d’ambiance – ou plutôt l’ambiancement en musique – seront un pilier du monde sonore.
La prochaine frontière de cette mutation, c’est la voix. Tous les grands acteurs d’internet se sont déjà positionnés dans ce domaine : Amazon en tête avec Alexa et ses assistants vocaux à poser sur la table de la cuisine, suivi de Google, Apple, Microsoft… L’internet de demain est appelé à disparaître en partie des écrans pour devenir un majordome virtuel personnalisé, mobilisable jour et nuit d’un simple « wesh gros ! » – ou quelque chose d’approchant. Bien entendu, la musique ne sera pas bien loin, elle qui est l’art œcuménique par excellence et fait donc toujours partie du premier wagon envoyé en éclaireur des nouveaux usages.