Dans le monde de la musique en streaming, les artistes sont en train de reconquérir l’indépendance qu’ils ont peu à peu perdue pendant le XXe siècle. Certains en tout cas, les plus débrouillards (lire l’épisode 5, « Le chant des artisans ») et aventuriers, qui ont compris qu’internet leur offre aujourd’hui tous les outils pour diffuser leur musique et entrer en contact avec leur public sans intermédiaire, jusqu’à la distribution numérique de leurs chansons. Fini, les CD gravés par Marmelade, le groupe fusion reggae de votre cousin : ses riddims peuvent aujourd’hui facilement se retrouver en écoute sur Spotify et il va falloir vous y faire.
La fabrication de la musique, son enregistrement, les réseaux sociaux… Tout cela est aujourd’hui à la portée de tous, comme je l’ai raconté dans les épisodes précédents de La fête du stream. Tout le monde ne le fera pas bien, mais tout le monde peut essayer. Seule une étape de la vie d’un disque restait encore problématique pour les artistes amateurs et indépendants : la distribution. À l’époque des disques physiques dominants, il fallait fabriquer des vinyles, des CD ou des cassettes dans des usines dédiées, sur des machines coûteuses actionnées par des humains rémunérés. Puis ces disques emballés étaient conduits en camion jusqu’à un entrepôt et enfin répartis dans les magasins où ils pouvaient enfin être achetés.
Cette filière était lourde et ce n’est pas pour rien qu’on l’a appelée industrie de la musique.