Note pour toi, lectrice·teur, qui lit ces lignes depuis l’année 2057. Déjà, j’espère que ça va, parce que ça doit pas être joli joli. On est super désolés. Ensuite, je demande ton indulgence pour les lignes qui suivent car elles ont été écrites de bonne foi et il était difficile d’y voir plus clair en cette fin d’année. Car oui, lectrice·teur de 2017, je vais aborder le cas délicat de l’album. Tellement 2016, me dis-tu ? Que nenni ! Car, comme je le disais dans l’épisode précédent de La fête du stream, l’ultradomination actuelle du rap sur le streaming en France va avec le succès renouvelé du format album, le même que certains avaient déjà enterré à côté du CD, de la cassette audio et du cylindre en cire.
Rares sont en effet les grands ou petits succès du rap qui se sont faits sans album ces deux dernières années. Même le jeune Américain Lil Uzi Vert, qui a explosé en publiant sur Soundcloud son single XO Tour Llif3, a fini par intégrer ce tube à une collection de chansons – Luv is Rage 2. En France, Booba a occupé l’espace médiatique avec des singles isolés pendant une bonne année avant de lancer son arme principale le 1er décembre dernier : les 15 titres de son neuvième album, Trône. Et je ne parle pas du Marseillais Jul, qui publie des albums comme on va faire ses courses. Je ne me vois pas briller est son troisième long format en deux ans et il contient… 24 titres !
Cette pluie d’albums, souvent très longs, peut paraître contradictoire à l’ère du streaming, l’écoute illimitée de musique qui se déroule majoritairement au sein de playlists fabriquées par les plateformes ou par les utilisateurs.