Quelques heures avant le début du procès en appel de l’affaire LuxLeaks, le lundi 12 décembre, des militants français d’ONG se dirigent vers la cité judiciaire de Luxembourg afin de témoigner leur soutien aux lanceurs d’alerte. Pancartes à la main, ils viennent de terminer un « safari fiscal » qui leur a permis de visiter plusieurs hauts lieux symboliques de l’évasion fiscale situés dans la capitale grand-ducale, dont le siège d’Engie – dont les pratiques ont été mises en évidence par Les Jours (lire les épisodes 15, « Engie compte l’emporter au paradis », et 16, « Les milliards planqués d’Engie au Luxembourg »). Ils sont alors interpellés par un passant d’un certain âge. « Pourquoi vous dites du mal du Luxembourg ?, leur demande-t-il. Ce que vous faites, c’est une injure. Le Luxembourg fait beaucoup de choses positives. » Plusieurs militants tentent de répondre. « Ce n’est pas contre le Luxembourg qu’on manifeste, mais contre l’évasion fiscale », explique l’un d’eux, avant d’ajouter : « Moi j’ai un compte en Suisse, mais il est déclaré. » Un autre, plus ironique, complète l’affirmation du passant : « Le Luxembourg fait beaucoup de choses, oui, mais pour la finance. » Vexé, l’homme repart en maugréant.
L’opinion publique luxembourgeoise peut-elle se résumer à cette brève rencontre ? Autrement dit, le Luxembourg n’a-t-il réagi à l’affaire LuxLeaks qu’en se bouchant les oreilles face aux critiques des autres pays européens ? La réponse n’est pas univoque.