Coblence (Allemagne), envoyée spéciale
Le verdict est tombé au tribunal de Coblence. Un an et près de quatre mois après le début de son procès, Anwar Raslan, le plus haut gradé des renseignements syriens jamais jugé pour crimes contre l’humanité, a été condamné à la prison à perpétuité jeudi 13 janvier. Ancien responsable des investigations au sein de la branche 251 entre 2011 et 2012, le colonel porte la responsabilité des crimes commis dans ses geôles, ont estimé jeudi les juges. Soit la torture d’au moins 4 000 personnes, le meurtre d’au moins 27 détenus, plusieurs cas de violences sexuelles
À l’énoncé de la sentence, le visage d’Anwar Raslan a frémi. À peine un instant, le colonel a dirigé son regard vers le public, vers les plaignants, sourcils légèrement arqués, avant de retourner à son habituelle impassibilité. L’air vieilli, fatigué, il s’est assis, a plongé dans ses notes. Tout au long des quatre heures durant lesquelles la présidente détaillera les motifs du verdict, il ne cessera de griffonner, concentré. Comme s’il cherchait encore les erreurs, les défauts de l’histoire racontée au cours de son procès, tandis qu’à l’extérieur du tribunal, la nouvelle de sa condamnation se propageait dans la petite foule de Syriennes et de Syriens rassemblés depuis l’aube
Certaines victimes avaient besoin d’un procès pour traiter ce qu’elles avaient subi et tourner la page. Mais c’est Anwar Raslan qui est assis sur le banc des accusés. Je ne vois là ni Bachar Al-Assad, ni Hafez Makhlouf.
Une semaine plus tôt, le 6 janvier, la défense plaidait pour un acquittement. Non que quiconque ait nié les crimes commis par le régime de Bachar Al-Assad, mais juger la responsabilité individuelle au sein d’un système criminel nécessite une grande prudence, ont argué ses avocats. Anwar Raslan peut-il être tenu pour responsable simplement parce qu’il représente le régime de Bachar Al-Assad ? Car le colonel n’avait plus l’autorité d’ordonner ou d’interdire les crimes commis dans le